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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/177

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comme en pologne

Faites le même compte pour les séances du Parlement. Combien ont été employées à des discussions utiles ? Combien à l’Affaire et aux affaires connexes, dont elle fut une infatigable mère Gigogne ?

Par la place qu’elle a prise dans les colonnes des journaux, appréciez ce qui restait d’espace à ceux-ci pour tenir le public au courant de ce qui doit le plus intéresser des patriotes, pour éclairer l’opinion sur notre situation en Afrique, en Asie, et sur nos propres frontières.

Pendant tout ce temps, que devenait l’armée ? Une furieuse campagne tendait à l’affaiblir dans sa cohésion morale, dans sa confiance en ses chefs, dans sa discipline. Un incident comme celui des réservistes de l’Yonne[1] aurait-il été possible il y a seulement un an ? Est-ce simplement un incident ? Ne serait-ce pas un symptôme ? Et de quelle gravité !

Notre diplomatie ? Il y a dix-huit mois, elle se heurtait déjà à des difficultés inexplicables, à une force d’inertie évidemment expectante, et, jusque dans les négociations pour le Niger, elle constatait l’influence maligne du trouble des esprits en France et des calculs malveillants de l’étranger.

Cela ne pouvait qu’empirer. Nous l’avons bien vu pour Fashoda. Nous l’éprouverons dans d’autres occasions autrement graves et périlleuses, si nous ne parvenons à nous ressaisir.

Un tel état de choses est évidemment très avantageux à nos rivaux. Ils avaient intérêt à le prolonger, à l’envenimer, et ils n’y ont pas manqué.

Les uns ont prodigué l’argent ; les autres y sont allés de leurs précieux conseils ; à Londres, au

  1. Ces histoires de réservistes antimilitaristes se sont bien multipliées depuis douze ans.