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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/209

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pourquoi loubet fut magnifique

quée à l’intérieur interdisait à l’extérieur la politique de Déroulède. Elle interdisait toute politique à longues visées. Or, ni Loubet ni Delcassé ne se l’interdirent. Ils ne se refusèrent rien.

L’Élysée de M. Émile Loubet ressembla à l’Élysée de Félix Faure ; le quai d’Orsay de M. Delcassé au quai d’Orsay de M. Hanotaux. Les vues avaient beau différer, les objectifs être contraires : dans une orientation différente en sens opposés, on ne cessait pas de se conformer à des vues générales et à des systèmes de même essence que ceux qui étaient suivis en 1895-1898 et qui auparavant avalent été si soigneusement écartés.

Comment done la sagesse avait-elle fondu ? Comment, à l’inquiétude, avait pu succéder une telle témérité ? L’excès de confiance des modérés avait pu s’expliquer jadis. Mais rien n’était moins brillant que la situation des radicaux trois ans plus tard, menacés à la fois par la Révolution et par la Réaction, condamnés aux alternatives d’une lutte perpétuelle contre les alliés de gauche ou les adversaires de droite. On ne pouvait pas imputer l’innovation au tempérament ni aux origines du nouveau personnel : M. Loubet appartenait à l’ancienne équipe ; de date plus récente, M. Delcassé avait grandi à l’ombre de M. Reinach, dans le journal de Gambetta, parmi les familiers de l’opportunisme naissant. Pourquoi cette tradition fut-elle rompue ?

La première explication qui se présente à la pensée n’est pas la plus sérieuse. Ce n’est pas