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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/250

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kiel et tanger

et c’est le roi Léopold II appuyé sur l’adhésion de l’Europe entière qui a tenté le Congo à titre personnel ; la création d’une marine belge aura été l’idée fixe de ses derniers jours, elle est reprise et continuée par le jeune roi qui l’avait soutenue comme prince héritier. Ainsi les paradoxes les plus heureux tendent eux-mêmes à rentrer dans la loi. L’esprit humain est inhospitalier à certains contre sens. Il ne peut se donner pour but la possession paisible ou l’exploitation sûre d’un territoire et s’y interdire la condition immédiate de la sécurité, C’est pourquoi, dans notre politique coloniale, il n’y eut pas de négligence proprement dite, car il n’y eut pas conception. L’oubli de la marine fut un cas d’absence matérielle, de lacune physique dont personne ne peut être dit responsable. L’homme responsable de la faute n’existe pas. Nul ne le trouvera. La troisième République n’avait en son centre aucun organe capable de porter cette charge, ni intelligence, ni volonté, ni sens de la direction, rien d’humain. L’impulsion était partie de la Bourse de Paris ; une fois en marche, la machine administrative alla, courut, vola, roula vers le but indiqué, tant qu’elle trouva des chemins où rouler, mais à la mode des machines, sans rien penser et sans se soucier de rien. Les mots de « politique coloniale » ne conviennent donc pas à la succession des actes de diplomatie et de force qui nous a valu nos « possessions » lointaines. Ces accidents discontinus, entraînés les uns par les autres, nullement