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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/260

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kiel et tanger

être démocratique, libérale, humanitaire, française », concluaient-ils, du moment qu’elle était, en sa qualité de geôle du pape, la capitale de l’esprit anticlérical. Le formulaire de l’anticléricalisme fut donc le grand lien entre les radicaux français et quelques hauts dignitaires du jeune royaume. C’est une profession de foi anticléricale que M. Loubet formula expressément par son voyage à Rome, dont le premier effet fut de donner aux sujets de Victor-Emmanuel III une haute idée de l’influence et du crédit de leur jeune roi. Ainsi la République, si elle s’aliénait les catholiques, fortifiait une dynastie étrangère[1] et ranimait chez nous ces illusions d’amitié latine qui nous ont déjà coûté cher. En Italie, l’hostilité à l’Église désigne des passions et des sentiments, les uns amortis, les autres ravivés de façon artificielle. Cette façade nous a fait oublier l’évidence de l’intérêt présent !

On l’a écrit avec beaucoup de sens et de force : « un ministre des Affaires étrangères de France qui n’a pas toujours dans un des tiroirs secrets de sa table un projet pratique et étudié, libellé dans ses moindres détails, d’une réorganisation de l’Italie sur le type d’un gouvernement républicain, est un criminel ou un imbécile[2] » Imbécillité, crime ou distraction, notre anarchie de

  1. Sur le royaume d’Italie et l’esprit révolutionnaîre, on pourra consulter notre Enquête sur la Monarchie, p. 129. Voir aussi l’appendice VI du présent volume.
  2. L’Accord franco-anglais, par Denis Guibert et Henri Ferrette.