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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/295

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« humiliation sans précédent »

kaniques ont prouvé à leur tour que la force du fait resterait acquise aux gros bataillons de l’Europe centrale et à la combinaison triplicienne qui les représente.

Quoi qu’il en soit, la vérité oblige à dire que le discours de Tanger résonna comme un coup de foudre à Paris ; le saisissement fut considérable. Assurément, sauf dans les marécages politiques délimités par le Palais-Bourbon, l’Élysée et la Place Beauvau, aucun Français n’eut peur, aucun ne trembla ; mais tout le monde vit que l’affaire était grave. Précisément, on discutait de théologie et de droit canon à la Chambre. Cela fit dire à beaucoup de gens, notamment à un homme d’esprit de profession nommé Harduin, à qui il est utile d’emprunter ce texte qui fera foi : « Ah ! oui, il s’agit bien de la séparation de l’Église et de l’État en ce moment, et du fameux article 4 ! Si nous le croyons, et nous avons tout l’air de le croire, nous sommes de fameux Byzantins. » Ces Byzantins n’étaient qu’au Parlement, dans les Loges et dans quelques rédactions de journaux. La nation comprit qu’il s’agissait de sa vie, de sa mort et de son honneur.

Le Gouvernement voulut faire une expérience. Il envoya une mission militaire, composée d’officiers de la plus haute distinction, pour le représenter au mariage du prince impérial allemand. Les délégués furent bien reçus comme militaires, et la mission, comme mission, presque éconduite. L’empereur imagina même de compléter les jour-