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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/300

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kiel et tanger

blique, soit qu’elle fût victorieuse ou qu’elle amenât des revers[1] !

Le bruit d’armes passait le Rhin. Des mouvements mystérieux s’effectuaient sur la frontière. Les émissaires impériaux inondaient Paris, et chacun précisant le rude ultimatum. M. Rouvier prit son parti. M. Loubet dut le subir, et quoi que pussent faire dire l’Italie et l’Angleterre, constituées en cette occasion les dernières gardiennes de notre dignité, malgré M. Reinach et M. Clemenceau qui s’étaient faits les porte-paroles des deux puissances désireuses de nous enfoncer dans un mauvais pas, on en passa par la volonté de Guillaume. La « chose unique dans l’histoire[2] » eut lieu. L’empereur reçut la victime telle qu’il l’avait choisie et marquée : le 6 juin 1905, M. Delcassé apporta sa démission. Dans les salons du quai d’Orsay, qui sont le centre de notre action dans le monde, M. Del-

  1. D’après M. Pierre Baudin (L’Alerte), et M. André Tardieu (La Conférence d’Algésiras), les lacunes de notre situation militaire, telles qu’on dut les constater en 1905, s’élevaient à 224.190.200 francs. Et ces dépenses n’étaient pas des dépenses imprévues, c’était pour exécuter en quelques mois des commandes qu’on aurait dû faire en quelques années ; c’était pour combler des vides énormes dans des stoks de marchandise, pour mettre en état nos quatre grandes places fortes, pour compléter l’armement et l’équipement de l’armée, pour quelques travaux de chemin de fer absolument indispensables à la concentration telle qu’elle était prévue par le plan de mobilisation…
  2. Ce mot est de M. André Mévil dans son livre : De la paix de Francfort à la Conférence d’Algésiras.