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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/311

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le retour à l’inertie

tionner et d’accroître la flotte. Non. Ce n’est pas d’une flotte que l’Angleterre se soucie pour coopérer contre l’Allemagne : elle a besoin de notre armée. Notre gage colonial soigneusement accru et gonflé par ses suggestions lui garantira le concours de l’armée française.

Mais, si elle a besoin de notre armée, elle n’a pas précisément besoin de notre victoire. Il suffira que nous ayons occupé l’Allemagne, attiré son effort, et détourné les coups. Ce qu’il ne faut point, c’est que l’effort de la Germanie se porte sur les rivages de la mer, ni que Guillaume de Prusse puisse recommencer Guillaume de Normandie ou Napoléon. Tout pastiche de camp de Boulogne, toute réunion de Grande Armée à la berge de Kiel ou dans les anciens ports de la Hanse doit être dérivée sur l’Ouest, sur le Rhin, sur nous, comme fut dérivée du côté du Danube la force qui menaçait Douvres en 1805. Il y a cent ans, l’Autriche, alliée et subventionnée de l’Angleterre, avait beau essuyer désastres sur désastres : à Elchingen, à Ulm et à Austerliz, elle n’en a pas moins sauvé une grande portion de la fortune anglaise. C’est le même rôle autrichien que nous destine l’Angleterre au xxe siècle. Plus on accepte ses services aujourd’hui, plus on engage nos lendemains à les rembourser. L’ancienne politique de recueillement sera donc d’utilité bien médiocre : On n’évitera pas l’échéance. Ne dire mot, c’est accepter. Et recevoir, c’est se lier. Inertie ou réengagement s’équivalent : du moment que notre partenaire agit