Chambre plus basse (j’entends plus près de l’électeur), c’est elle qu’il faudrait saisir.
Qui se méfie des députés se méfie de la République. Qui se substitue à leur assemblée substitue à la royauté populaire sa royauté : il renverse la République.
Tel est le droit républicain promulgué depuis vingt-cinq ans. Mais, depuis vingt-cinq ans aussi, les faits n’ont pas cessé de détruire la République, en obligeant les différents chefs de l’État à violer la Constitution.
En effet, toujours ou presque toujours, l’Exécutif a procédé de sa propre initiative à des expéditions qui, dit M. de Pressensé, ne se distinguaient que « nominalement » des entreprises militaires et qui, en tout cas, « pouvaient aboutir d’une minute à l’autre à la guerre ». L’expédition de Chine, celle de Tunisie, celle du Dahomey, celle de l’Indo-Chine, en sont de bons exemples. L’histoire de Fachoda, que racontait naguère ici Saint-Simonin, en est un autre encore, tout aussi bon. Quand Saint-Simonin la conta, elle fit pousser les hauts cris à tous les amis de la Constitution.
J’étais autrefois bien curieux de savoir quelles étaient les dispositions de M. Loubet sur ce point. L’initiative qu’il vient de prendre me rassure à quelque degré. Si je la tiens pour dangereuse (et je dirai tantôt pourquoi), elle est beaucoup moins dangereuse que ne le serait, par exemple, l’état d’esprit juridico-métaphysico-blagologique d’un Présidenf qui refuserait de tirer son pays d’affaire, dans la crainte de violer la Constitution.
Pourquoi les actions diplomatiques et militaires de la troisième République ont-elles été toujours, ou presque toujours, en désaccord si violent