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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/72

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préface de la deuxième édition

de bateaux utiles ? Vingt et un jours plus tard, d’autres amis anglais purent s’écrier : Quelle malheureuse marine ! L’explosion de la Liberté aggravait le deuil national de vingt sortes de doutes sur la qualité de la force ainsi déployée. On mit en cause qui l’on put : les chefs, les équipages, la main de l’étranger insuffisamment surveillée ; on s’arrêta aux poudres. Cette discussion ne faisait que de commencer quand la flotte italienne, au 29 septembre, prit le large et gagna les bords de Tripoli, comme pour avertir des différences qu’il faut faire entre l’usage rationnel d’une flotte et ses vaines ostentations. L’enthousiasme militaire ne fut pas moins fécond en surprises désagréables : en particulier, l’aéronautique, si bien partie, servie par une corporation de héros, a déçu le peuple français, d’abord si confiant dans la nouvelle arme. Il en a gardé le cœur gros[1].

Son désenchantement n’a pas été moins vif, lorsque, sur un plan bien inférieur, il s’est aperçu que les retraites militaires se développaient dans Paris de manière à entrer en conflits réguliers et comme désirés avec la jeunesse ouvrière des Syndicats. Était-ce un coup de police ? Ou l’effet du gouvernement des partis dont la tradition naturelle, la pente nécessaire, étaient d’extraire du réveil national une recrudescence d’esprit diviseur ? Il faut bien que les partis s’accroissent en démocra-

  1. On peut voir ce que nous en disions, il y a trois ans, page 298 de ce livre.