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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/79

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le déclin de l’expérience poincaré

le dépôt de la loi du service militaire de trois ans, demandée par le Conseil supérieur de la Guerre[1]. Le nouveau ministère donna un signe non moins clair de sa faiblesse constitutionnelle par son incapacité d’aboutir au vote rapide qu’imposaient alors les nécessités diplomatiques tout autant que l’intérêt militaire. Il eût fallu montrer à l’Europe belliqueuse la résolution et l’énergie du peuple français. L’opinion s’y prêtait de tout cœur. L’antimilitarisme se mourait, même dans le journal de M. Hervé ; le socialisme international n’osa point se montrer durant les premières semaines. Le champ était libre et ouvert, on pouvait marcher. Mais il eut fallu le vouloir ! Quelque tiraillement interministériel retarda cette volonté. Et, dès qu’on eût commis la faute de traîner et que la résistance eut été rendue possible, tout put résister à la fois : le formalisme parlementaire si lent, parce qu’il est timoré, inintelligent et paresseux ; puis les partis électoraux appuyant les partis révolutionnaires.

Au nom de la doctrine de la Démocratie, de son formulaire mystique, Jaurès et Sangnier[2]

  1. Le Conseil supérieur de la Guerre n’avait pas été consulté pour la réduction du service à deux ans en 1905.
  2. Il importe de rappeler ici l’enquête scandaleuse menée sur l’opinion des simples soldats par La Démocratie de Marc Sangnier. La Critique du libéralisme écrivait le 1er mai :

    « Déjà les bons esprits déploraient que l’adoption d’une mesure de salut national, définie comme telle par les autorités compétentes, réclamée comme telle par les hommes