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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/157

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le fondateur du positivisme

Comte, au point de lui déclarer un jour devant témoins qu’elle plaçait Armand Marrast bien au-dessus de lui[1], ses sottises et ses folies durent contribuer à la crise mentale de 1826. Quatre fois, pour des périodes fort longues, elle quitta le toit domestique[2]. Comte jugeait « que l’homme doit nourrir la femme » : il ne fut jamais complètement délivré de sa compagne, lors même qu’il se sépara d’elle, après dix-sept ans de mariage, en 1842. En 1870, la mégère, secondée par Littré ou le secondant, s’attachait encore à poursuivre la cendre de cet infortuné philosophe et mari.

Pour lui, bien avant de mourir, il avait trouvé une paix sur laquelle Littré ni Mme Comte ne pouvaient rien. C’est en 1845, au mois d’avril, comme dans les sonnets des poètes de la Renaissance, qu’Auguste Comte rencontra celle qu’il devait « appeler sa véritable épouse », « sa sainte compagne », « la mère de sa seconde vie », « la vierge positiviste », « sa patronne », « son ange », et enfin « la médiatrice » entre l’Humanité et lui. Ce langage de mythe ne nous abuse pas. Le pauvre Comte commença par être épris le plus terrestrement du monde. Clotilde de Vaux surexcita une nature dont il ne laissait pas d’avouer la faiblesse et les vivacités. Mélancolique et pauvre amour d’un homme de quarante-sept ans pour une jeune femme de trente ! Celle-ci, brisée par une aventure extraordinaire[3], avait aimé, était peut-être disposée à

  1. Testament.
  2. Ibid.
  3. Son mari avait été condamné à la prison perpétuelle peu de temps après leur mariage.