Voilà tout ce qu’il est permis de recueillir ou de redire sur la personne de cette muse étrangère. Ouvrons ses livres ; ils nous enseignent qu’elle a appris à lire dans nos poètes du xixe siècle. On lui prête cette devise : Émotion moderne, pureté parnassienne. Mais elle a du Parnasse beaucoup plus que la correction. Elle place les mots essentiels à la rime, comme tout lecteur bien appris de M. de Banville, et telle petite chanson révèle son affinité avec tous les maîtres de cette école :
Comment oublier le pli lourd
De tes belles hanches sereines.
L’ivoire de ta chair où court
Un frémissement bleu de veines ?
Cependant, deux poètes régnèrent bientôt sur l’art de Renée Vivien. Elle les imita, mais d’une imitation trop ardente, trop passionnée, trop proche du modèle pour n’être pas trouvée aussi originale que lui. Qui fera le départ de l’acquis et du naturel dans l’âge heureux où toute idée devient sentiment ; tout sentiment, action, accélération de la vie ?
Ces deux poètes favoris évoquant des figures qu’elle revoyait dans des songes plus réels que toute réalité, Renée Vivien en est venue à écrire le plus naturellement du monde des œuvres qu’ils se seraient peut-être honorés de signer. L’un, Paul Verlaine, qui intitula lui-même une suite de petites pièces : À la manière de plusieurs, avouait qu’un certain degré de souplesse et d’imitation féminine entrait dans la formule de son talent. De plus, il se savait très facile-