mée la poésie de Renée Vivien. Quand on a parcouru ce petit poème, on sait ce que l’auteur pense en religion, en morale, en histoire, en littérature ; on sait d’où vient cette pensée ; on peut même assez exactement calculer où elle ira, quels sentiments et, par conséquent, quelles œuvres une pensée ainsi orientée lui inspirera. « Au Commencement », « en principe »,Baudelaire l’a pénétrée, et tout dérive de cette impression première. On verra, par quelques versets de son poème, la Genèse profane, que personne, depuis M. Jean Richepin, n’a baudelairisé aussi exactement. L’auteur de Blasphèmes y mettait-il lui-même autant de conviction ? Oubliait-il aussi parfaitement ce qu’il devait au souffle de son Père et Seigneur ?
i. Avant la naissance de l’Univers existaient deux principes éternels, Jéhovah et Satan.
ii. Jéhovah incarnait la force, Satan la ruse.
iii. Or, les deux grands principes e haïssaient d’une haine profonde.
iv. En ce temps-là régnait le chaos.
v. Jéhovah dit : Que la lumière soit, et la lumière fut.
vi. Et Satan créa le mystère de la nuit.
vii. Jéhovah souffla sur l’immensité, et son haleine fît éclore le ciel.
viii. Satan couvrit l’implacable azur de la grâce fuyante des nuages . . . . . . . . . . . . . . .
On voit bien la donnée : dans un style précis et froid, qui par degrés s’anime, les oppositions se déroulent. Jéhovah crée le printemps ; Satan, « la mélan-