Un jour, enfin, le poète de l’Occident épousa ce fils du soleil, le Dr Mardrus, né au Caire d’une famille orientale. Ce n’est pas le lieu de détailler quelle gratitude ont vouée les lettres françaises au traducteur des Mille et Une Nuits. Mais je pense qu’avant de l’expédier à son imprimeur il a lu à sa femme cette version belle et nouvelle. Il n’existe pas beaucoup de lectures aussi fraîches, aussi brillantes, aussi riches en toutes sortes de plaisirs de l’esprit et des sens. Ce vaste recueil de contes arabes, traduits, dit-on, presque mot à mot, nous mène quelquefois à ce que les bonnes gens du désert appellent sous la tente, d’un langage mathématique, la limite de la satisfaction.
Gœthe écrit je ne sais où : « Veux-tu les fleurs du printemps et les fruits de l’automne ? Veux-tu ce qui charme et ravit ? Veux-tu ce qui nourrit et satisfait ? Veux-tu dans un seul nom embrasser le ciel et la terre ? Je te nomme Sacountala et j’ai tout dit. » Il ne faut qu’enlever un peu de verdure indienne, ajouter aux palmes et aux grenades des oasis le chœur des jeunes filles belles comme la lune, et la louange gœthienne peut s’appliquer aux Mille et Une Nuits. Mais elle paraîtra singulièrement incomplète à qui aura goûté comme il convient la joie des poèmes arabes qui y sont insérés. Ces poèmes tout grâce, tout fougue,