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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/220

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le romantisme féminin

ou, dans Ferveur, quand on lui voit esquisser encore, d’un geste félin, son voyage à la découverte de certains mauvais coins naturels, le « coin gâté » dont traite M. Marcel Prévost,

Certain intime fond dont on ne parle pas,

prenons garde que c’est, tout bonnement, la Poétique du romantisme qui dévide ses conséquences ; à force de creuser l’étrange, il faut bien en venir tôt ou tard jusqu’à la notion de ce que la rude antiquité nomma sagement l’Infamie. Ce n’était pas de l’infamie (ni de la vertu) que s’occupait, en réalité, le génie pittoresque de Mme Mardrus. Elle n’eut le souci de « l’âme » que pour le plaisir d’en tirer un effet d’art.

Ce qu’elle poursuit, c’est l’image coloriée, propre à traduire sensiblement ce qu’elle a senti : ce n’est donc pas la joie de s’éprouver, de s’affiner, de s’exalter, de jouer avec elle-même au moyen de sensations neuves provoquées par aucune curiosité. Son goût, sa passion me semblent d’une artiste ou d’une praticienne : elle songe à trouver des images qui soient l’exacte et subtile figuration de son sentiment ; quant à traîner, à peser sur ce sentiment, simple objet, simple thème, elle n’y songe presque pas. C’est son art qui est perverti ; nullement sa nature ; la tête, non le cœur.

Et cet art corrompu est bien ingénieux. Avez-vous observé combien les petits vers Toute ma sourde intimité… montrent de netteté, comme ils disent précisément ce qu’ils veulent dire ? C’est un menu tableau