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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/223

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madame lucie delarue-mardrus

Il y a douze vers sur les mains de l’Âme qui filent avec des tours et des détours d’une sûreté inouïe. Le romantisme, ici, tourne au Parnasse, heureusement sans trop de froid. Mais on garde, comme un souvenir de temps héroïques, la religion de 1830. On s’attendrit, comme Verlaine, plus que Verlaine, sur l’orgue de Barbarie qui viendra moudre de tendres rengaines entre-croisées, Marguerite Gautier, Emma Bovary, Lamartine : Si tu meurs aux trois temps d’une valse lointaine… Ces stances sont des plus caractéristiques. Elles révèlent une ironie indulgente, du regret, de la nostalgie et, tout au fond, le sentiment que le romantisme n’est jamais mort, qu’il existe peut-être un romantisme éternel.

Mais la petite pièce l’Orage à la fenêtre fait encore mieux sentir à quel point en est arrivée Mme Mardrus. Selon son habitude, elle ne paraît point toute seule. Elle serre la main de son mari et lui parle bas :

Contente simplement d’être à côté de toi,
Encor que défaillante et la sueur aux tempes…
Car, hors la dureté moderne, nous étions
— À la fenêtre avec de candides frissons —
Un couple d’autrefois un peu mélancolique
Qui regarde noircir l’orage romantique.

Quelques saisons plus tôt, le poète se fût mêlé à ce noir orage. Que dis-je ? Il nous l’eût barbouillé plus orageux que nature. Bien que le Dr Mardrus (les dédicaces de son grand livre en font foi) ne soit pas le moins mallarmiste des deux époux, il a dû mettre à