Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/233

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La Nouvelle Espérance, véritable roman-poème animé d’une rare passion, est conçue n’importe comment et le train du récit marche comme il peut. Une jeune dame qui s’ennuie essaye d’aimer son mari, et, successivement tous les amis de ce mari. Elle trouve enfin, un peu en dehors de son entourage ordinaire, quelqu’un à qui se donner. Mais cet amant aimé n’est cependant pas le bonheur, pour deux raisons majeures : il n’y a pas de bonheur pour Sabine et, de plus, cet amant ne peut être toujours à sa disposition. Certain soir dont le lendemain semble vraiment trop long à vivre sans lui, Sabine s’arrête à la pensée de mourir. Cette fin qu’on traite d’absurde paraît la seule raisonnable si l’on comprend la donnée première. Encore la mort même n’est peut-être pas assez calme, assez froide, assez « morte » pour éteindre éternellement ce forcené démon d’amour qu’il s’agit de tuer[1]. Tout le démoniaque, dans ce livre, est parfait.

Quand il s’agit de peindre des personnages que le démon d’aimer n’agite pas, qui sont « lâches devant l’amour », ou quand il faut imaginer des anecdotes, des aventures, des circonstances, le livre tombe. Non faiblesse. Non parti pris. On dirait plutôt ironie et

  1. Le même démon fit dire au poète : Et ma cendre sera plus chaude que ma vie.