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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/243

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D’étrangetés en perversions.


Mais le romantisme se connut pour ce qu’il était. Il aima en lui ses qualités de barbare. Étranger, il aima l’étrange. Non seulement il l’accueillit, mais il l’afficha en s’efforçant de déterminer dans le goût public une révolution qui assignât à l’art d’écrire, comme au plaisir de lire, des objets tout à fait nouveaux. Un plaisir de surprise est inséparable du vif sentiment de l’admiration ; mais le romantisme changea les facteurs de ce plaisir.

Autrefois on était émerveillé de la conduite et de la disposition d’un poème : les effets inattendus ne naissaient point de la nouveauté du sujet choisi. L’indifférence de l’art grec au renouvellement de ses thèmes tragiques ou lyriques lui est reprochée de nos jours, à l’égal d’une infirmité. Les vrais maîtres riraient du besoin maladif qui nous fait exiger de la matière du poème la petite émotion que leur donnait uniquement la manière de la traiter. Pour eux, cette matière était chose commune, et, donnée plutôt que trouvée. Dans l’œuvre toute seule devait éclater la distinction de la personne du poète. Encore ce poète tirait-il son orgueil et sa force de la puissance de son