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leur principe commun

se confie à la nature, qui ne lui permet pas de douter de la vie. Il n’en est pas moins vrai qu’une cité de femmes est en voie de s’organiser, un secret petit monde où l’homme ne paraît qu’en forme d’intrus et de monstre, de jouet lubrique et bouffon, où c’est un désastre, un scandale qu’une jeune fille parvienne à l’état de fiancée, où l’on annonce un mariage comme un enterrement, un lien de femme à homme comme la plus dégradante mésalliance. Sous la Phœbé livide qui éclaire cette contrée, filles et femmes se suffisent et arrangent entre elles toute affaire de cœur.

— Laissez, prétendent même les observateurs superficiels ! Il ne faut pas exagérer ce risque lesbien, contre lequel un cœur et une âme de femme sont assez naturellement prémunis. De tels maux ne peuvent s’étendre, resteront bien accidentels. Nos Ménades y échapperont pour la plupart. Elles n’ont pas encore banni l’homme de leurs mystères. Au lieu d’y être mis en pièces, les profanes sont conviés. Eh ! bien, ces jeunes femmes, dont le système est de s’efféminer encore, elles devraient être applaudies pour le contraste qu’elles forment avec tant de contemporaines. Quand celles-ci ne rêvent que de se mettre à notre place et de faire tous nos offices, en voilà qui publient que leur seul office est d’aimer, leur rôle de sentir et de nous apprendre à sentir. Outrance ? Elle compense l’autre. Ce chœur échevelé paie pour les malheureuses qui ont cru allonger leurs idées en se faisant tondre, et la ronde orgiaque aux violentes senteurs rachètera les pédantismes qui se multiplient autre part. Qui sait