l’amour, le Droit de celle qui est aimée ou le Droit de celle qui aime, et le justiciable pourra bien être aimé à travers les citations innombrables dont le tourmentera cette cour d’amour formée d’un seul juge, juge et partie ; mais il se verra peu à peu refuser tout ce que l’amour a de tendre, et celle qui fera le refus n’y gagnera rien, car la sophistique amoureuse est, de tous les poisons de la vie du cœur, le plus contagieux et le plus volatil ; il détruit aussi bien qui le verse et qui le reçoit.
La nature était sage de cacher certaines impulsions ou certains élans dans le demi-jour de l’inconscience. Nos Ménades ont été folles de les traîner dans une indiscrète lumière. Comme le sens outré de la beauté des mots fait négliger la beauté supérieure de leurs rapports et de leur signification, la sensibilité obsédée d’elle-même, accablée de l’écho de ses propres échos qu’elle répète à l’infini, pourra s’en croire agrandie et multipliée ; en réalité, elle néglige peu à peu sa fonction normale et profonde, puisqu’elle ne sait plus s’oublier pour sympathiser et, sans l’oubli de soi, la sympathie vraie n’est qu’un rêve ! La dureté et la rigueur naissent alors sur la plaque qui a trop vibré. Fatiguée d’avoir tant répondu à des minuties, l’âme devient obtuse ; elle est blasée sur l’essentiel. Les vraies réalités ne la font plus réagir. Elle ne connaît plus qu’un mot, moi, moi. Elle se cherche et ne parvient pas à se retrouver. Les racines physiques de la passion ont été arrosées et nourries trop jalousement, elles sont engorgées et elles dépérissent.