pas à Mlle de Coigny de se donner, elle travailla du mieux qu’elle put à l’avancer. Elle l’épousa. Cette grande dame de l’ancien régime prenait le nom d’une espèce d’aventurier. Une fois établi dans l’une des premières familles de France, Montrond, comblé, ne put s’empêcher de laisser voir le fond de son caractère, qui était sec et froid. L’union malheureuse dura sept ans, au courant desquels la pauvre femme eut à connaître tous les dégoûts. Mais l’oubli lui revint avec la première espérance ; elle divorça de nouveau et recommença.
Son premier mari l’avait ruinée à moitié ; Montrond, joueur, avait dévoré la moitié de ce qui restait. Le dernier quart consistait, vers 1802, dans le château et le parc de Mareuil. Ce fut Garat qui les fondit. Mailla Garat, membre du Tribunat, parlait avec l’emphase de son hideux métier. Ainsi donnait-il l’impression d’une âme enthousiaste ; son attitude, son langage promettaient d’autres joies que celles de l’intrigue. De plus, Garat n’était pas libre. Il fallait le prendre à Mme de Condorcet. Il fallait les obliger à une rupture. Mlle de Coigny était née guerrière et ne détestait pas d’unir la rapine à l’amour. Le tribun fut conquis. Il fut même adoré, et c’est lui qui paraît s’être le plus puissamment implanté dans ce cœur d’amante. Huit billets d’une mâle écriture de femme, que détient M. Gabriel Hanotaux, ne laissent aucun doute sur la vivacité du lien de chair qui la tint assujettie durant six années. Ils vécurent ensemble. Trompée, ruinée, un peu battue, la triste esclave, toujours belle, eut bientôt