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ii

UN DERNIER AMI


Que ce deuil suprême ait été porté dans la solitude ou qu’on l’ait éclairci de nouvelles expériences, rien de certain n’est digne d’être retenu jusqu’à l’apparition du marquis de Boisgelin, vers 1811 ou 1812. On peut dire de ce dernier ami, ami parfait, qu’il fut le seul ; pour la première fois peut-être dans cette vie, il sut mettre d’accord la passion et l’honneur, l’amour et l’estime. Elle se sentit adorée, mais aussi comprise et chérie. « Mon âme », dit-elle, « réunie à celle d’une noble créature, se sentait relevée et mise à sa place. J’étais devancée et soutenue dans une voie où notre guide était l’honneur. » Langage singulier. Mais il faut patienter un peu. En ce temps-là, Napoléon faisait la campagne de Dresde.

Les amants habitèrent trois mois, en deux fois, au château de Vigny que leur prêta la princesse Charles de Rohan. Mlle  de Coigny avait passé là son enfance. Elle y revenait, sa vie faite. Un esprit arrivé à ce point d’initiation qui fait apprécier la vie, un cœur mûri par les meurtrissures et les mélancolies de l’épreuve, une