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Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/317

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invocation à minerve

de l’amour ne seraient point nés sans Minerve. Ton influence agit de tout temps. Si elle a pu faiblir au cours d’un siècle, le dernier, la douce vérité, la vérité cruelle est qu’il en a souffert : plus il se compliquait, plus il eût été sage de s’adresser à toi, tant pour mettre en bon ordre des notions qui l’enrichissaient que pour distribuer le flot d’une humeur vagabonde.

Le siècle nouveau-né comprendra que l’heure le presse. Un degré de malaise permet le traitement ; un autre n’admet que la mort. Déesse, vois nos bras et nos mains que chargent les œuvres, écoute quels démons nous soufflent la vie, le plus lâche refuse de se retirer sans combattre, ah, nous ne sommes pas une race de suicides. L’activité circule dans les veines de notre peuple, aucun effort ne nous coûtera pour guérir. De tous les lieux, de tous les âges, immortelle, pourquoi refuserais-tu ton conseil ? Fille de la nature et supérieure à ta mère, ainsi produis de notre sol des générations meilleures que lui.

Nous relisons tous tes poètes. Ronsard, Racine, La Fontaine, Molière ont reparu à notre chevet. Comme nous reprenons le chemin de Versailles ! Sans dédaigner les jeunes merveilles du gothique, nous rendons à la colonnade unique, celle du Louvre, son rang. Notre Poussin commence d’être relevé de l’oubli. Lorsque nous parlons du grand siècle, nous ne pourrons plus ajouter comme Michelet autrefois : « c’est le xviiie », et, bien que nous n’ayons rejeté aucune vraie gloire, nous savons quelle est la plus belle. Le sentiment de nos destinées nous revient. Cependant il est vrai que le cœur chaud est resté sombre ; les mains sont maladroites et les têtes appesanties. Il dépendrait de toi de récompenser tant de vœux ! N’a-t-on pas dit que ton image, taillée en un