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grandeur et décadence

mots, ni semeur d’images brillantes, mais le plus appliqué des politiques, le plus avisé des administrateurs, peut-être le meilleur citoyen de son siècle.

Quoique fort respectueux envers l’opinion, Louis-Philippe montra une profonde indifférence envers ceux qui la font. Il ne les craignit pas assez ; en s’appuyant sur les intérêts, il négligea imprudemment l’appui de ceux qui savent orner et poétiser le réel. Son fils aîné avait pratiqué ce grand art, et la mort du duc d’Orléans, le 13 juillet 1842, fut un des malheurs qui permirent la révolution de Février.

Le second Empire, qui adopta peu à peu une politique toute contraire à l’égard des lettrés, en parut châtié par le cours naturel des choses ; les hommes de main, Persigny, Maupas, Saint-Arnaud, Morny, marquent précisément l’heure de sa prospérité ; quand l’empereur se met à collaborer avec les diplomates de journaux, qu’il s’enflamme avec eux pour l’unité italienne ou s’unit à leur vœux en faveur de la Prusse, la décadence du régime se prononce, la chute menace. Mais il faut prendre garde qu’un Émile Ollivier, plus tard un Gambetta, se donnaient déjà pour des praticiens : on les eût offensés en les mettant dans la même compagnie que Rousseau.

Sous ces divers régimes, en effet, les lettrés purent bien accéder au gouvernement. Ce n’était plus la littérature en personne qui devait régner sous leur nom. Leur ambition commune était de se montrer, avant tout, gens d’affaires et hommes d’action.

Un trait les marque assez souvent, plus que Bona-