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9. Littérature de cénacle ou de révolution.


Mais, d’une part, l’Intelligence, d’autre part, la Force des choses ayant continué de développer les principes contraires dont chacune émanait, l’intelligence française au xixe siècle poursuivait sa carrière d’ancienne reine détrônée, en se séparant de plus en plus de cette autre reine vaincue, la haute société française du même temps. Dès 1830, Sainte-Beuve l’a bien noté, les salons d’autrefois se ferment. C’est pour toujours. La France littéraire s’est isolée ou révoltée. Elle a pensé, songé, écrit, je ne dis pas toujours loin de la foule, mais toujours loin de son public naturel : tantôt comme si elle était indifférente à ce public et tantôt comme si elle lui était hostile. Le romantisme avait produit une littérature de cénacle ou de révolution.

Le plus souvent, en effet, le romantisme ne se soucia que du jugement d’un très petit monde d’initiés faits pour goûter le rare, le particulier, l’exotique et l’étrange. Les influences étrangères, surtout allemandes ou anglaises, depuis Rousseau et Mme de Staël, avaient agi sur certains cercles informés, plus vivement que sur le reste du public. Ces nouveautés choquèrent