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la difficulté

et une conscience personnelle, on s’aperçoit qu’ils sont innocents de la faute qu’on leur impute. Elle ne vient pas d’eux, mais de l’ordre mauvais sous lequel ils sont nés, des lois défectueuses qui les ont régis, d’un fâcheux état du pays et surtout de la niaiserie des idées à la mode.

Combinés avec tant d’éléments pernicieux, c’est merveille que d’aussi grand faits n’aient point déterminé des situations plus pénibles. Ils ne rencontraient ni institutions, ni esprit public. À peine des mœurs. L’organe mental et politique, destiné à les diriger, ou leur manquait totalement ou s’employait à les égarer méthodiquement. De là beaucoup de vices communs à toute force dont l’éducation n’est point faite, et qui cherche en tâtonnant ses régulateurs. Une force moindre se fût perdue dans cette recherche, qui continue encore énergiquement aujourd’hui. L’organisation du travail moderne et des affaires modernes n’existe pas du tout ; mais ce travail éparpillé et ces affaires en désordre témoignent de l’activité fiévreuse du temps : orageux gâchis créateur.

Il crée, depuis cinquante ans, d’immenses richesses, en sorte que le niveau commun de la consommation générale s’accroît, que l’argent circule très vite, que les anciennes réserves de capital se détruisent si l’on n’a soin de les renouveler. Les besoins augmentent de tous côtés et ils se satisfont autour de nous si largement, que, surtout dans les villes, l’on sent une mauvaise honte à rester en dehors de ce mouvement général. D’un bout à l’autre de la nation, la première