une valeur ce qui ne saurait se chiffrer en valeurs de cette nature ; il est donc en train de perdre sa raison d’être, le secret de sa force et de son pouvoir, qui consistent à n’être déterminés que par des considérations du seul ordre intellectuel. Sa pensée cessera d’être le pur miroir du monde et participera de ces simples échanges d’action et de passion, qui forment la vie du vulgaire. La seule liberté qui soit sera donc menacée en lui ; en lui, l’esprit humain court un grand risque d’être pris.
Il peut même lui arriver de se faire prendre par un fallacieux espoir de se délivrer : les sommes qu’on lui offre ne sont-elles point le nerf de sa liberté ? Riche, il sera indépendant. Il ne voit pas que ce qu’il nomme la richesse sera toujours senti par lui, en comparaison avec son milieu, comme étroite indigence et dure pauvreté. Il peut être conduit, par ce procédé, d’aliénation en aliénation nouvelle, à l’entière vente de soi.
L’indépendance littéraire n’est bien réalisée, si l’on y réfléchit, que dans le type extrême du grand seigneur placé par la naissance ou par un coup de la fortune au-dessus des influences et du besoin (un La Rochefoucauld, un Lavoisier, si l’on veut), et dans le type correspondant du gueux soutenu de pain noir, désaltéré d’eau pure, couchant sur un grabat, chien comme Diogène ou ange comme saint François, mais trop occupé de son rêve, et se répétant trop son unum necessarium pour entrevoir qu’il manque des commodités de la vie. Pour des raisons diverses, ils sont