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jure sur la tête ou les cendres de son père que la bête qu’il vous vend est liquide, qu’elle est parfaite ; l’autre vous dira qu’il ne lui manque que la parole (quand la langue est coupée) ; un troisième, pour ne pas encourir un reproche, si dans quelques jours on découvre une claudication : « prenez-le, il boite et mange bien, » voyez, il marque encore. (Si le terrain est détrempé).

Préférez-vous un grand cheval à un petit qu’il voudra vous vendre de préférence, il vous le comparera à une pièce de monnaie en or, ayant plus de valeur sous un moindre volume, et autres réparties inépuisables.

Si l’acheteur désire une garantie écrite pour les suites d’une tare visible que le vendeur aura eu soin de signaler, afin de prévenir le contrôle d’un vétérinaire, il accèdera volontiers, mais il aura grand soin de stipuler que si l’on n’est pas satisfait de l’animal, on le reprendra en échange d’un autre, et cet autre sera souvent plus taré, et il coûtera quelques cent francs en plus. Qu’importe à l’acheteur, s’il a économisé dix francs pour la vérification !

Trop souvent aussi l’acheteur croit pouvoir se passer d’un vétérinaire parce que le marchand le persuade qu’il est dans l’obligation de lui donner une commission pour chaque visite d’achat, et conséquemment d’élever ses prix, et pour mieux l’engager à s’en passer, il lui offre un billet souvent fort ambigu, dans lequel il lui garantit tous les vices reconnus par la loi ; écrit insignifiant, mais accepté avec reconnaissance, et le tour est joué.

Dans les cas d’échange, le marchand ne manque pas de dénigrer à tous les points de vue votre bête pour faire mieux ressortir les qualités de la sienne et tâche toujours de l’avoir pour rien, malgré qu’il l’estime un certain prix.