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Fragment d’un plan
de sociologie générale
descriptive
[1]

Remarques

Durkheim est revenu souvent sur ce sujet[2]. Il était en effet très préoccupé d’arracher à la simple dissertation philosophique, comme à la simple description littéraire des moralistes et même des historiens, non seulement les domaines de la religion, du droit, de l’économie, de la démographie, d’autres encore, mais aussi ceux des faits qui s’étendent non pas à une partie, mais à la totalité de la vie sociale. Il visait donc à constituer une sociologie générale qui, sans esprit de système, serait à la fois organique et pragmatique, mais organique sans aucune tendance normative ou même critique. Les faits qu’il voyait en relever étaient ceux de la civilisation, et ceux de l’éthologie collective, c’est-à-dire des caractères des sociétés et de chaque société. Car ceux-ci existent à la façon dont existe le caractère de chaque individu. Mais il savait que cette énumération était loin d’être complète.

Il est bon de remarquer aussi que des études de ce genre furent le point de départ de Durkheim. Car il considérait son premier grand ouvrage, la Division du travail social, non seulement comme un fragment de sociologie morale, mais encore comme un frag-

  1. « Fragment d’un plan de sociologie générale descriptive — classification et méthode d’observation des phénomènes généraux de la vie sociale dans les sociétés de types archaïques (phénomènes généraux spécifiques de la vie intérieure de la société) », Annales sociologiques, série A, fascicule 1., 1934. Première partie : Phénomènes généraux de la vie intrasociale.
  2. Année sociologique, 2, « Avant-propos » ; etc.