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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/217

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la maison dans la dune

douaniers, elle avait pu se sauver, se réfugier sur le territoire belge. Elle avait pourtant dû abandonner son chargement de tabac sur la table du bureau de douane.

Sylvain avec accepté sans défiance cette explication plausible. Et il s’était vite consolé de la perte que représentait le tabac abandonné. Trois kilos à onze francs, ce n’étaient jamais que trente-trois francs. Et c’était vite regagné. Il avait justement fait quelques bonnes affaires, de son côté. Sur quarante kilos qu’il avait en dépôt, il en avait livré vingt-cing la veille, et sept le matin. Il n’avait plus que huit kilos, dissimulés dans sa cachette, sous une marche de l’escalier.

Cela ennuyait Germaine. Elle regrettait maintenant d’avoir prévenu Lourges. Non qu’elle éprouvât le moindre remords. Elle était de ces femmes qui ne savent que haïr quand elles n’aiment plus. Mais elle craignait que Lourges, mécontent de s’être dérangé pour huit pauvres kilos de tabac, l’accusât de s’être moquée de lui.

Sylvain partirait peut-être chercher quelques kilos encore chez le maître fraudeur. Mais il n’en parlait pas. Et malgré son désir, Germaine n’osait pas le lui conseiller, de peur d’éveiller ses soupçons.