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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/244

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la maison dans la dune

Sylvain respira fortement. Maintenant, comme avant tous les coups dangereux, il se sentait la poitrine oppressée. Il lui semblait qu’il eût froid. Il tremblait un peu. Cela passait d’ailleurs au moment du danger immédiat, mais pour l’instant, il avait peur. Il regrettait presque d’être venu. Les paroles de Jules lui revenaient à la mémoire. Et si Germaine l’avait trahi ? Il repoussa cette pensée.

Il marcha un peu le long du chemin qu’on avait suivi, regardant le ciel sombre givré d’étoiles. Malgré lui, de tristes réflexions lui venaient à l’esprit. La profondeur infinie de cette voûte vide, d’un noir d’abîme, lui accablait l’âme. Il se sentait étrangement rapetissé. Il avait pour la première fois conscience du peu de place qu’il tenait parmi ces choses. Il ne comprenait plus qu’on put s’ennuyer pour une préoccupation aussi vaine que l’existence. Tout cela, au fond, n’avait d’importance à ses yeux que parce que c’était lui. Mais après lui, mais comme lui, que d’êtres encore, interrompant une minute leur lutte désespérée contre l’anéantissement, interrogeraient encore ce ciel indifférent, qui depuis des millénaires assistait, impassible, à la répétition éternelle du même drame… Sylvain, ce n’était qu’un épisode infime. Et