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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/254

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la maison dans la dune

ondes glacées lui parcouraient le corps, épuisaient ses forces, lui prenaient toute son énergie. Ses jambes semblaient ne plus lui appartenir. Elles étaient pesantes, se mouvaient avec une lenteur maladroite.

Il respira longuement, une minute. À chaque aspiration, une douleur lancinante lui percait le ventre. Mais il continuait, malgré la souffrance, content de souffrir, puisqu’il était sûr ainsi qu’il vivait encore.

Après un moment, il se redressa. Il voulut, de toute sa volonté, de toute son énergie, repartir, faire un pas. De contracter ses muscles lui causait d’effroyables déchirements. Il s’aperçut soudain qu’il balançait. Il eut peur de tomber sans s’en apercevoir. Et il se pencha en avant, il s’appuya de la main à la balustrade et repartit. Il avait l’impression de marcher sur des jambes morts, des masses lourdes dont il n’était plus maître.

Le pont traversé, il fit cent mètres encore. Il fermait les yeux, effrayé de voir autour de lui tournoyer la campagne et le ciel. Le sang affluait dans sa tête à grandes lancées douloureuses, qui résonnaient en lui comme des coups de marteau. Des flammes, des lueurs sanglantes dansaient devant ses yeux clos. Il se trouva à terre, tombé sans même l’avoir