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la maison dans la dune

Le match s’achevait. Sylvain, indifférent, regardait assis sur une chaise, les adversaires qui s’arrêtaient, se serraient gravement la main, suivant les rites. Puis César vint vers lui, lui tendit ses poings gantés, pour que Sylvain desserrât les lacets. Il haletait, il était à bout de souffle.

— Tu ne m’as pas eu, hein, tout de même, dit-il à Jules.

— Ce sera pour la prochaine fois, répondit Jules sans s’émouvoir.

Il était placide, lui, à peine moite. Car il se donnait moins de mal que César. Tandis que le fraudeur, se rappelant les combats de sa jeunesse, essayait de retrouver ses esquives, ses feintes, son jeu de jambes, toute sa souplesse d’autrefois, Jules estimait bien inutile de se donner tant de mal à danser comme ça autour de l’adversaire, et se contentait d’attendre, solidement planté sur ses jambes, l’approche de César, pour lui allonger un bon coup de poing.

Sylvain, lui, ne boxait jamais. D’abord, Germaine n’aimait pas. Et puis, lui aussi ne voulait plus. Il avait jadis été trop fort, vers vingt ans. Tout le monde, autour de lui, lui prédisait une belle carrière. Il avait de beaux combats à son actif. Il était champion du