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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/40

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la maison dans la dune

vent à vous garer. Et ce long ruban monotone, déroulant à l’infini sa perspective de macadam goudronné, et qui sentait le bitume, lui déplaisait. Il aimait mieux suivre le côté droit du canal, où, dans l’herbe, se dessinait à peine une sente capricieuse et douce aux pieds. Et il marchait là, bien tranquille, respirant avec bonheur l’air frais, dans la détente agréable de cet après-midi d’oisiveté, quand il découvrit le vieux cabaret.

Il est ainsi des coins dont, on ne sait pourquoi l’aspect vous charme, vous prend sans résistance, vous fait soudainement reconnaître et aimer la beauté. Souvenirs inconscients, rappelés obscurément dans les profondeurs de la mémoire ? Rappel de vieilles images ? Réalisation d’un idéal lentement formé au fond de l’être ?

Sylvain ne savait pas où il avait déjà vu ce coin, pourquoi il le reconnaissait, l’aimait, en retrouvait avec plaisir les détails. Mais indiscutablement, tout cela lui était familier. Il en avait dû rêver déjà. C’était dans ce décor que se passaient les histoires que jadis on racontait à son enfance. Tout était comme il fallait que ce fût.

Et, sans étonnement, Sylvain quitta sa route, descendit le chemin herbeux qui me-