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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/56

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la maison dans la dune

cha du bout du nez les effluves qu’avaient laissés dans la cage d’autres chiens, enfermés là avant lui. Et puis, philosophe, pour oublier la faim qui lui irritait l’estomac, il prit le parti de s’endormir. Aussi bien, il se souvenait qu’on le laissait jeûner, ces jours-là.

Longtemps après, — il faisait nuit, — des gens entrèrent dans la cour. À la façon dont un homme s’approchait de sa cage, Tom comprit qu’il venait le délivrer. Il étouffa donc le grondement qui, déjà, roulait dans sa gorge. C’était défendu. Et, la porte ouverte, il sortit de bonne grâce, il appuya le bout de son nez sur la jambe de l’homme, et analysa longuement son odeur. Inconnu, cet étranger. Mais il ne paraissait pas avoir d’intention hostile. Il flattait Tom de la main, lui grattait amicalement le dessous du menton. Sa voix articulait des bruits. Il tapait de ses doigts contre sa cuisse, faisait des signes d’appel. Tom le suivit, entra derrière lui dans une pièce où était une femme avec son enfant. La femme parut avoir peur, ce que Tom n’aimait pas. Il se méfiait des gens qui se sauvent, et, d’instinct, désirait les poursuivre. Mais l’homme parlait, et la femme ne disait plus rien. Même, elle se rapprocha de la bête, et la caressa, sans trop de hardiesse toutefois. Elle