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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/84

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la maison dans la dune

madame Jeanne. Je vais l’avoir. Tu vas voir ça. Elle descend…

La fille descendait, arrivait dans la cuisine. C’était une grande brune à la voix éraillée, aux yeux meurtris. À peine arrivée, elle s’assit sur une chaise. Et, l’air fourbu, elle bâilla, ouvrant largement la bouche, et montrant sa langue blanche et tout entartrée.

— Quel métier ! soupira-t-elle.

Madame Jeanne se contenait, tâchait de faire bonne figure.

— Hé bien, et nos comptes ? demanda-t-elle.

— Voilà, dit la fille.

Elle tira de son bas deux billets de cinq francs.

— J’ai eu dix francs. Ça fait cinq pour moi, cinq pour vous.

— T’es sûre de ton compte ? demanda madame Jeanne.

— Oui.

— C’est bon. Tu peux remonter dans ta chambre et faire ton paquet. Je ne veux plus de toi ici.

— Et pourquoi ?

— Parce que t’es trop bête pour me rouler, ma petite. On ne m’a pas comme ça, moi. T’étais pas encore née que je faisais déjà le