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la maison dans la dune

la main sans animosité, cordialement même, — un peu comme des lutteurs, qui, après le combat, oublient toute rancune.

Mais aussitôt, Lourges eut des soupçons. Sylvain paraissait trop camarade avec César, c’était louche.

— Est-ce qu’il ferait aussi de la fraude ? se demanda le douanier. Ce serait drôle.

À la dérobée, il examinait le visage de l’homme, ne parvenait pas à le reconnaître. Jamais, bien sûr, il ne l’avait rencontré. Et Lourges, pour les choses de son métier, avait une mémoire infaillible.

Sylvain non plus n’avait jamais rencontré Lourges. Mais il le connaissait de réputation. Il était très tranquille, cependant : il n’avait pas une cigarette belge sur lui, et le « noir ». ne pouvait pas le soupçonner. Sylvain était donc plutôt content de pouvoir regarder à son aise, en toute sécurité, la grande vedette de la brigade mobile. Et, chacun dans son coin, les deux hommes se jetaient de temps en temps des regards rapides et scrutateurs.

Ils n’eurent d’ailleurs pas le temps de s’examiner longtemps. La porte de la rue grinça sur ses gonds.

— Les voilà, dit madame Jeanne en relevant la tête.