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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/96

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la maison dans la dune

comme Sylvain, mettons, qu’est-ce que t’aurais fait, toi, Jules ?

— Et toi ?

— Moi, je l’aurais laissé partir.

— Moi aussi, alors. Mais tu vois bien que tu n’es pas plus malin qu’un autre.

César en eut la bouche clouée.

Alors, Lourges intervint. Toute cette conversation, qui ne tendait qu’à faire reconnaître la vigueur exceptionnelle de Sylvain, irritait le douanier. Il ne soupçonnait pas le rôle de Sylvain dans l’affaire de l’autre jour, mais il eût aimé voir l’homme s’enorgueillir, faire montre de sa force, afin de lui rabattre rudement le caquet. Malheureusement, Sylvain ne bougeait pas, restait indifférent à la controverse, et paraissait seulement blâmer par son attitude le camarade qui avait amené la conversation sur ce terrain périlleux.

Alors Lourges se résolut à attaquer lui-même.

— Hé bien, dit-il, tu as beau dire, Jules, moi je ne comprends pas qu’à trois hommes ils se soient laissé arranger par un seul. J’en ai vu d’autres que ça, moi.

— C’est vrai, dit Sylvain, conciliant, un homme, c’est un homme.

— Oui, répliqua César, mais il y en a des