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l’aiglon blanc des illinois

— Je crois que mon mari pourra trouver ce qu’il vous faut ; il est dans son champ, non loin d’ici, je vais l’appeler. »

Prenant à sa ceinture un sifflet de cuivre, retenu par un cordon passé en sautoir, elle sortit sur le seuil et siffla deux fois, le son était aigu et perçant.

Quelques instants plus tard, un colon entra :

« Tu m’as appelé, Marguerite ? Ces messieurs…

— C’est un service que nous vous demandons », expliqua le visiteur, exposant la courroie brisée.

Le colon l’examina, puis il l’apporta dans un petit hangar attenant à la maison, où l’étranger le suivit. L’autre visiteur se mit à causer avec Marguerite.

« Vous avez un moyen fort pratique d’appeler votre mari, dit-il, désignant le sifflet que la jeune femme tenait encore à la main.

— Il le faut bien, monsieur, nous sommes si souvent menacés… les Iroquois…

— C’est vrai, ce sont des voisins dangereux ! Vous avez déjà une bonne installation ici, continua-t-il, et deux jolis enfants ; quel âge a la petite ?

— Bientôt sept ans.

— Et ce beau garçon ?

— Quatre ans et demi, monsieur. »

De grosses larmes parurent dans les yeux de la mère et l’étranger se demanda la cause de cette émotion soudaine, mais par délicatesse, il feignit de ne pas s’en apercevoir.

Bientôt le mari reparut avec le second cavalier : la réparation était déjà faite. On sella de nouveau le cheval, les deux hommes reprirent leurs montures et partirent au galop, après avoir remercié le colon et sa femme.

« Qui sont-ils ? demanda celle-ci.

— Celui qui t’a parlé ici est le Sieur Cavelier de La Salle, l’autre, un officier du régiment de Carignan. Ils viennent de Ville-Marie.

— Monsieur de La Salle ? Le seigneur d’ici, alors, celui qui a une maison un peu plus loin que le fort ?