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l’aiglon blanc des illinois

des Illinois ; nous visiterons sans doute le fameux rocher où ton père demeurait avant ta naissance.

— Père m’a souvent parlé de ce rocher ; il était triste en y songeant ; il disait : « L’Aigle est un chef sans tribu, son peuple est dispersé, leurs wigwams brûlés… l’Iroquois a anéanti l’Illinois ! » Maintes fois, il m’a dépeint cet endroit élevé, où se dressait sa hutte… et tu dis que les Français vont passer par là ?

— J’en suis presque sûr !

— Alors, je suis heureux de te suivre, père l’aurait voulu… je vais dire adieu à la hutte, et ensuite je serai prêt.

— J’entre avec toi », dit Nika.

L’Aiglon regarda tristement le lit de branches où avait dormi le chef illinois, ses yeux cherchèrent ensuite la place de sa mère, il souleva de la main le filet de pêche que, si peu de jours auparavant, l’Indienne était à remailler… il aperçut, par terre, le tomahawk[1] paternel, il le prit et le mit à sa ceinture, se choisit un arc et un carquois de flèches, et, sur le conseil du chasseur, enroula une peau de bête et une couverture. Il pria ensuite le chasseur de prendre une lance et un harpon, en souvenir de son père, puis, sans se retourner, il sortit à la suite de Nika. Passant près du totem aux dessins étranges, il porta la main à son front pour le saluer, mais tout à coup, il rebroussa chemin et se précipita de nouveau dans la hutte…

Le Chaouanon, se demanda ce qu’allait faire l’enfant, mais bientôt l’Aiglon reparut tenant à la main une planchette… il avait enlevé au mur de son logis la rustique sculpture de bois représentant un aigle aux ailes mi-déployées, emblème des chefs de sa tribu !


  1. Hache indienne.