Page:Maxine - L'Aiglon Blanc des Illinois, 1938.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
l’aiglon blanc des illinois

voisin, puis à travers un massif de jeunes pousses, et arriva près du Chaouanon dans l’espace de trois minutes.

« Dis-moi donc, Nika, ce que je dois penser de cet étrange Visage-Pâle qui porte une longue tunique flottante avec une garniture de pierres brunes ; je ne suis pas du tout rassuré sur son apparence, j’aime bien mieux celle de chef La Salle !

— C’est le père Membré, dit Nika en riant ; tu peux te rassurer à son sujet ; il est bon et il aime les Indiens.

— C’est possible, admit l’Aiglon, peu convaincu, pourtant… »

En lui-même il se disait : « je gage que c’est un sorcier, je vais m’en méfier ! »

« Tantôt, dit Nika, nous irons tous les deux faire visite à chef La Salle et tu feras connaissance avec son monde ; tu seras bien reçu, tu verras !

— Je ne les comprendrai pas !

— Hé, il y en a un qui a appris l’illinois, c’est chef Tonty ; tu vas pouvoir le comprendre celui-là et lui parler ! »

Lorsque l’Aiglon fut introduit auprès des Français, dans la plus grande de leurs huttes, Nika put voir combien ils étaient intéressés dans la mine de son protégé. Ils regardaient ce bel adolescent, droit, élancé, à l’expression fière et franche, aux yeux intelligents et chercheurs.

Sa peau basanée, marquée de tatouages, était d’une finesse extrême, il avait les membres déliés, la poitrine large, tout ensemble un physique superbe. Il restait là debout, sans embarras, ne s’apercevant pas de sa quasi nudité, regardant ces étrangers qui désiraient le connaître, et que lui-même, fils de chef, il consentait à rencontrer. Sa jeune tête brune, ornée de sa parure singulière, se tournait du côté de La Salle ; chacun lui disait un mot de bienvenue ou de sympathie, mais l’enfant ne comprenait rien, et le chasseur était, à ce moment, sorti de la hutte.

Soudain, une langue familière frappa son oreille :