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l’aiglon blanc des illinois

nouveau couteau il avait découpé, sur la planchette de bois apportée de sa demeure, tout ce qui n’était pas la sculpture de l’aigle même, ce qui en diminuait considérablement la grandeur ; cet emblème n’était guère plus volumineux maintenant que son couteau de chasse, il pouvait le porter suspendu à sa ceinture comme un précieux fétiche.

La flottille de canots se mit en route ; l’Aiglon reçut l’ordre de suivre partout le guide ; il partit donc avec celui-ci et s’embarqua dans un grand canot où La Salle et le père Membré étaient déjà rendus ; il s’y trouvait aussi trois Indiens, qui avec Nika avaient charge des avirons. L’on disait adieu à la Louisiane que La Salle comptait bien revoir avant longtemps ; malgré la joie que causait à l’orphelin la perspective du voyage vers le pays de ses ancêtres, il éprouva un serrement de cœur en quittant la patrie de son enfance et son regard resta longtemps fixé sur ces rives qu’il saluait de la main en guise d’adieu.

La petite flotte fit d’abord escale chez les Quinapissas ; cette tribu les reçut avec une apparence de bon vouloir et de camaraderie ; mais les voyageurs s’aperçurent bientôt que ces indigènes étaient traîtres et dangereux. Grâce à leurs armes, les Français purent néanmoins les tenir en respect, et regagner leurs canots, sans accident, avec les vivres achetés chez ce peuple.

Après plusieurs jours de voyage, ils atterrissaient au pays des Coroas. Nika avait décrit à l’Aiglon les huttes étranges de cette bourgade, qui, vues de loin, ressemblaient à de gigantesques champignons, groupés dans une éclaircie de la forêt. Ces logis indigènes formaient d’immenses rotondes dont la toiture, faite de paille de maïs et de terre ou de sable, avait l’apparence de toits de chaume.

« Comment peuvent-ils construire des logis comme ceux-là ? demanda le jeune Illinois.

— Voici comment ils procèdent, expliqua le chasseur : ils prennent un certain nombre de jeunes arbres, très élan-