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I

La maison du colon


« Francine ! Où cours-tu, petite ? Tu ne dois pas t’éloigner !

— Non, non, papa, je ne vais pas loin ! C’est mon lapin qui s’est sauvé et je cherche à le retrouver !

— Mais, il est ici, ton blanc-blanc ! Je l’aperçois blotti sous cette touffe de fougères ! Ta maman, où est-elle ?

— Dans la maison ; elle berce les frérots qui ont déjà sommeil. »

L’homme déposa près du seuil la lourde brassée de bois qu’il apportait. Un solide gaillard, ce Nicolas Barbier, le papa de Francine ; c’était un homme d’environ trente-cinq ans, au torse robuste, au teint basané par le soleil ; il avait les cheveux drus et châtains, les yeux bleus, la bouche énergique sous sa courte moustache blonde.

Nicolas, fils de modestes négociants, était natif de La Rochelle, ce vaste port de mer de la vieille France ; sa femme, une Bretonne, vaillante et fort jolie, n’avait pas hésité à le suivre lorsqu’il décida d’aller tenter fortune dans cette France nouvelle, par delà l’Atlantique, dont on racontait de si merveilleuses choses. Les Barbier devaient se rendre d’abord à un endroit appelé Ville-Marie, où monsieur de Maisonneuve avait fondé, une trentaine d’années auparavant, un établissement important, et où les religieux de Saint Sulpice, missionnaires et colonisateurs, invitaient les colons à s’établir.

Les jeunes Français quittèrent leur pays avec la petite Francine, alors âgée de deux ans. Le voyage à bord du trois-mâts fut long et pénible ; dix semaines en mer sur le voilier avaient un peu émoussé chez les voyageurs l’enthousiasme du départ… mais lorsqu’ils commencèrent à remonter le beau fleuve Saint-Laurent, ils sentirent renaître leurs espé-