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l’aiglon blanc des illinois

Celui-ci prit ce geste pour une caresse amicale, et saluant de la main, à l’indienne, il sortit du fort.

Cavelier de La Salle, l’instigateur et l’âme de cette mémorable expédition, n’eut aucune connaissance du départ de ses camarades. Jusqu’à la veille, il avait pu parler à Tonty et au chasseur, mais le jour du départ, la fièvre était à l’état aigu et l’explorateur, dans le délire, ne vit point partir les membres de l’expédition.

Cette fois, l’Aiglon, très musclé et fort habile, prenait place au canot un aviron à la main.

Le long voyage s’accomplit sans accident : les eaux du Mississipi, d’abord agitées et dangereuses, devinrent plus clémentes et la flottille, malgré la force du courant, continua sa course. Les voyageurs côtoyèrent des rives verdoyantes, où broutaient le bison et le chevreuil ; avironnant de toutes la force de leurs bras, ils eurent enfin atteint les eaux plus limpides de la rivière Illinois, baignant le territoire, jadis prospère, des Indiens de ce nom.

L’Aiglon était débordant de joie à la pensée de fouler le sol de ce pays, au sujet duquel l’Aigle lui avait si souvent raconté des légendes ; cette terre où ses ancêtres avaient régné en chefs puissants et dont son imagination d’enfant, hantée par les récits paternels, avait fait un pays de mystérieuse beauté, mais dévasté par les ennemis de sa nation.

« Dis-moi, Nika, dit-il, ceux qui ont détruit nos bourgades, c’était les Iroquois, n’est-ce pas ?

— Hé, tu as raison, petit ; les Iroquois ont massacré ce peuple et brûlé ces villages.

— Seuls ? Les Visages-Pâles ne leur ont pas aidé ? questionna avec inquiétude le jeune garçon.

— Les Blancs n’étaient pas venus dans cette partie du pays alors, répondit le chasseur ; les Iroquois de trois nations se sont ligués contre les Illinois à cette époque.

— Ce sont donc mes pires ennemis, ces Iroquois de malheur ?