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l’aiglon blanc des illinois

L’Aiglon ne quittait guère son ami chaouanon, mais il était maintenant familier avec tous les gens de l’établissement, et ceux-ci, de leur côté, l’aimaient bien.

L’enfant était devenu le jeune camarade du commandant ; celui-ci semblait lui porter un intérêt tout spécial et s’occupait de lui autant que Nika.

Dès que les Français eurent terminé leur installation temporaire, ils reçurent la visite de plusieurs chefs de tribus amies ; confiants dans la protection des Blancs, ces tribus allaient s’établir dans les grandes plaines que dominait le rocher. C’était bien là ce qu’espérait Tonty, car il savait que l’intention de Cavelier de La Salle était d’attirer autour du fort les nations pacifiques, afin de pouvoir faire avec eux l’échange des vivres et la traite des fourrures.

La crainte des Iroquois, dont les hordes avaient jadis dévasté cette région, avait empêché ces Indiens d’y établir leurs bourgades, mais avec la protection du fort français, ils allaient revenir.

L’été se passa sans que l’on ait revu Cavelier de La Salle. L’inquiétude s’était calmée, cependant, car l’explorateur, remis de sa maladie, mais encore faible, avait remonté le Mississipi, à destination de Michillimakinac ; cependant la fatigue l’obligea à s’arrêter au fort Miami, d’où il avait envoyé un message à Saint-Louis des Illinois.

Plusieurs wigwams se dressaient maintenant au pied du rocher de l’Aigle ; l’Aiglon avait de nombreux jeunes compagnons qu’il étonnait toujours par ses prouesses de grimpeur, et par son agilité en sautant de branche en branche comme un grand oiseau sans ailes.

La petite colonie vivait de chasse et de pêche, attendant toujours le retour de La Salle.

Chaque soir, le jeune Illinois venait retrouver Tonty pour apprendre « sa phrase française » comme il l’avait promis au père Membré, et il était maintenant en état de soutenir une conversation ; son accent, aussi, s’était amélioré.