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l’aiglon blanc des illinois

Les Indiens se remirent en route, portant à tour de rôle l’Aiglon toujours inconscient. Ils trouvèrent leur canot à l’endroit convenu, y couchèrent leur prisonnier, puis poussèrent l’embarcation sur les eaux miroitantes de la rivière. Leurs avirons rapides eurent bientôt couvert une assez longue distance ; ici, la rivière Illinois se rétrécit et le canot, décrivant les courbes d’un étroit canal, pénétra dans le territoire des Miamis.

L’Aiglon n’avait pas bougé, mais sa respiration était forte et régulière. Le Sioux le porta à terre où il resta couché ; les ravisseurs alors lui délièrent les jambes et lui mirent de l’eau froide sur la tête… L’Aiglon ouvrit les yeux :

« Où suis-je ? » demanda-t-il.

Personne ne répondit. Il vit ses ennemis occupés à manger ; il se rappela tout ce qui s’était passé et chercha à marcher, chancelant un peu, car il était devenu faible et la tête lui faisait mal. Il vit qu’une plus longue lanière de cuir liait son poignet à celui de l’Iroquois et qu’aucune fuite n’était possible… S’asseyant alors sur un tronc d’arbre, il attendit.

« Mange ! » lui dit le Sioux, apportant de la nourriture et de l’eau.

L’Aiglon fit voir ses mains liées…

Le Sioux libéra une de ses mains et le pauvre enfant put manger un peu, et surtout boire de l’eau rafraîchissante, car sa soif était extrême.

Le repas fini, on se mit en route à travers la forêt ; l’Aiglon, quoique faible, pouvait marcher, bien que sa tête le fît affreusement souffrir. Pendant plusieurs jours, on voyagea ainsi, par étapes, dans le bois touffu… le bras du prisonnier toujours attaché au poignet de son ravisseur. Il ne parlait pas, répondait par signes et ne faisait pas mine de comprendre la conversation des deux hommes ; mais, en réalité, il savait ce qu’ils disaient : si le chef iroquois n’en voulait pas, on devait le vendre comme esclave… Lui, fils