peu ses cheveux blonds et remonta le grand col de fourrure blanche qui ornait son manteau de soir.
Dans le taxi, la jeune fille trouva Marcel étrangement silencieux et taciturne.
— Qu’avez-vous, Marcel ? lui dit-elle. Vous avez l’air préoccupé !
— Rien de bien nouveau… une blessure ancienne, qui me fait souffrir parfois, c’est tout !
— Une blessure… mais vous êtes trop jeune pour avoir fait la guerre !
— Aussi n’est-ce pas une blessure de guerre ! C’est une lésion imperceptible dans la région du cœur… ça date de ma petite enfance !
— Ça va guérir ?
— Non, c’est inguérissable !
— Pauvre vous ! Ça fait mal ?
— Parfois… mais n’en parlons plus, hein ! Et voilà, nous sommes rendus.
Il lui aida à descendre et ils entrèrent au théâtre où l’on jouait Manon. Isabelle aimait beaucoup la musique ; Marcel, musicien dans l’âme, aimait infiniment ce chef-d’œuvre de Massenet et avant la fin du premier acte, son humeur noire était disparue.
Lorsque le rideau fut tombé sur le dernier ta-