Lorsque Amiscou eut quinze ans, afin de consacrer définitivement son adoption, Cerf-Agile lui fit tatouer sur la joue l’emblème de sa tribu : une minuscule tête de chevreuil ; Petit-Loup, trop jeune, n’avait pas encore subi le tatouage.
Amiscou passa ainsi quatre belles années de son adolescence ; à seize ans, il était d’une taille remarquable et d’une force extraordinaire. Il déployait à se servir de son unique bras une adresse et une dextérité inouïes.
Cerf-Agile avait un talent remarquable pour travailler l’écorce ; il était habile à confectionner des canots qu’il échangeait ensuite pour de belles peaux de lynx ou de castor, ou parfois pour de l’argent ; Amiscou devint son élève et apprit de lui à transformer de maintes façons la solide écorce du bouleau et du merisier.
Étonné de l’adresse avec laquelle le manchot, malgré son infirmité, apprenait à se perfectionner dans cet art, Sconoton s’ingénia à le lui enseigner dans tous ses détails et le jeune garçon put bientôt, non-seulement confectionner les canots, mais encore les décorer de dessins bizarres avec une symétrie et une habilité vraiment extraordinaires.
Au moral, Amiscou était doué de belles qualités : il se montrait loyal et brave, rempli d’affection pour sa famille adoptive, toujours prêt à protéger son frère, Petit-Loup. Du passé qui s’estompait un peu dans sa jeune mémoire,