Le manchot ne s’éloignait guère non plus de sa grotte maintenant, sauf pour aller à la maisonnette ; une fois seulement, il s’était rendu au village voisin où il avait recueilli quelques provisions, mais aucune nouvelle information quant aux agissements des Iroquois.
— Que fais-tu donc, tout le temps ? lui demanda Jeannot un jour ; tu ne vas plus faire de grandes chasses, tu restes à ta caverne… ce n’est plus l’été pourtant !
— Je coupe du bois pour les mois de neige, répliqua le Huron, je travaille un peu l’écorce… avec la belle hache et le bon couteau que ton papa m’a apportés de son voyage, c’est un plaisir de manipuler le bois !
Jeannot crut que son ami lui cachait quelque chose…
— Je demanderai à papa, ce soir, se dit-il, s’il sait pourquoi Grand-Castor a l’air de ruminer quelque surprise… Mais Brisot n’en savait pas plus long que son fils à ce sujet !
— Il a vécu seul depuis tant d’années, dit le chasseur, la solitude ne lui pèse pas ! Sans doute, à ce moment, il coupe, il taille, il écorce le bois… c’est pour lui un passe-temps !
À quelques jours de là, le chasseur arrivant à l’improviste auprès de la caverne du manchot, aperçut un beau grand canot auquel celui-ci était à mettre les dernières touches.