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Page:Maxine - La huronne, 1943.djvu/29

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LE PETIT MOUSSE

depuis la mort du lieutenant l’on était pauvre dans la maison… mais la nature gaie et exubérante de Marc remplissait d’un bonheur enfantin la triste demeure et sa mère, qui ne vivait que pour lui, s’ingéniait à lui faire la vie aussi heureuse que possible.

Un jour, revenant de chez le vieux prêtre qui lui faisait un peu de classe, il la trouva étendue sur son lit et leur vieille bonne Babette en larmes auprès d’elle… Inquiet et désolé il s’élança vers sa mère et la couvrit de baisers. Babette l’éloigna doucement, lui disant : « Il ne faut pas fatiguer votre maman, monsieur Marc » !

Pendant plusieurs semaines il l’avait vue ainsi, toujours couchée… toujours pâle… et le médecin venait souvent, et aussi le vieux prêtre…

Un soir, il venait d’avoir treize ans, sa mère le fit asseoir près d’elle et lui parla ainsi :

— Marc, mon fils chéri, je vais te parler comme à un homme ! Tu ne sais pas ce qui a tué ton père et assombri à jamais notre foyer ? Je vais te le dire ce soir !… Tu sais que ton père était lieutenant de vaisseau. Il fut envoyé en mission spéciale auprès de certaines autorités étrangères. Muni de documents et de plans confidentiels, il partit accompagné seulement de deux sous-officiers et d’un matelot. Rendu à destination, ses plans, ses papiers… tout avait disparu !… Peu de temps après le retour à son vaisseau, on apprit que ces documents étaient en